Au début de mon activité, animée et passionnée, comme beaucoup d’indépendants ou de chefs d’entreprise, je donnais toute mon énergie et tout mon temps pour la développer. Je ne pensais qu’au travail ! Après 3 ans à travailler à fond, j’ai fini par craquer. A bout de nerfs, j’ai fait un beau petit burn out et je me suis arrêté plusieurs mois. Retour sur cette expérience !
Etre à mille à l’heure et ne (savoir) faire que ça
Et oui, je suis passée par cette case ! Ce mal des indépendants, le mal du siècle, cette chute : le burn out qui te pend au nez. Tu as beau le savoir, tu y cours, tu te crois invincible et tu continues de travailler trop. 50h, 60h, parfois 70h par semaine… Easy !
Mon entreprise c’était tout : j’avais déménagé à Lyon pour ça et mes amis, mes conversations, mes activités, toutes mes relations étaient en lien avec mon travail. Faut dire que, quand tu es indépendant, au début, toutes les occasions sont bonnes pour avancer, apprendre, décrocher des contrats, se faire connaître…
J’étais donc devenue Margot Raymond Photographe, tous les jours de la semaine. Le dimanche à un barbecue entre amis ? Je distribuais mes cartes de visite en parlant boulot ! J’étais passionnée, déterminée, à mille pourcents, tout le temps. À toute heure, à tout moment. On m’avait tellement répété que mon projet était vain, que j’ai développé une niaque d’enfer pour y arriver.
Je suis arrivée à un stade où je n’existais plus autrement. Je vivais photo, je mangeais photo, je rêvais photo. Ainsi, quand je m’octroyais des breaks, ou des « sortes de week end », je ne supportais pas de ne pas avancer. Alors je continuais de shooter mes pellicules, pour continuer mon travail personnel, je faisais des recherches, je lisais, je me formais… Quand tu es passionnée, le temps file à une vitesse ! Déjà 4h du matin ? Oups, demain à 9h j’ai un rdv client et un shooting ensuite… !
Les signes avant le gros craquage
Avant le gros burn out, il y a eu pleins de petits craquages ! Comme je n’avais aucun recul sur mes habitudes ni d’autres expériences de vie professionnelle comme référence, ou encore de collègue pour faire miroir, je n’ai pas réussi à sentir les signes à temps.
Ces moments où tu décales plusieurs rendez-vous dans la semaine parce que tu n’en peux plus, ces journées où tu ne peux plus te lever, où tu as envie d’éteindre ton téléphone pour toujours, parce que ça n’arrête pas ? Où tu vois 50 mails à traiter dans la journée et que la liste des choses à faire te paraît beaucoup trop longue. Par quoi commencer ??
Je n’arrivais pas à anticiper : poser des jours de repos, poser des vacances à l’avance… C’était compliqué de dire non à un gros contrat qui tombe pendant ta semaine “Off” dans les premières années de ton entreprise. Alors je décalais, et j’annulais mes vacances.
Je partais quand je sentais que j’en avais vraiment besoin, et c’était souvent trop tard : j’étais exténuée. J’avais besoin de passer littéralement plusieurs jours allongée dans l’herbe à ne rien faire d’autre que de vider mon cerveau en regardant les feuilles des arbres bouger. Je dormais 12h, 15h, 18h pour récupérer ! Le boulot me rattrapait dans mes rêves. Ce qui aujourd’hui me paraît être une évidence ne l’était pas du tout à ce moment là : je devais apprendre à couper avec le travail.
Le manque de recul sur soi
Quand tu apprends seul, et que tu n’as pas de collègue au quotidien, c’est compliqué de prendre du recul sur soi, de te rendre compte de tes mauvaises habitudes. Dans mon cas, on a clairement à faire à une sacrée obstinée qui ne démord jamais… Je me répétais tout le temps “ ça va bien se passer, ça va bien se passer…”. Etre positive dans n’importe quelle situation, ça a du bon, mais parfois, il faut savoir prendre du recul pour être plus objectif, et dire stop.
Tout allait si vite depuis 3 ans que je ne me rendais même pas compte des marches que je gravissais. Chaque contrat était un apprentissage intense, humainement et techniquement. Je n’avais / ne prenais pas le temps d’emmagasiner et de digérer ce que j’apprenais que je devais apprendre de nouveau, enchaîner, parfois gérer 5, 8, 10 projets en même temps…
Pourtant il y avait plein de signes physiques que j’aurais dû voir : à cette période, je vomissais tous les matins. Mais j’étais trop occupée pour me remettre en question (et je pensais que ça venais d’un autre problème), et je ne voulais pas admettre que j’étais bouffée par le stress, ni voir que je devais absolument m’octroyer des pauses. Ah, la peur de ne pas réussir !
Le burn out : laissez moi tranquille !
J’ai donc fini par craquer. Plus d’infos, plus de son, plus d’image. J’étais au bout et j’ai tout arrêté : je ne pouvais plus assimiler davantage d’informations. J’ai pris deux semaines de repos et un billet d’avion pour la Thaïlande. Deux semaines plus tard, j’étais sur une plage, loin de tout, pour me ressourcer en silence.
Oh comme ça a été dur ! Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait. J’étais un zombie, incapable de prendre des décisions, incapable de m’organiser, de savoir ce que je voulais… Et mes vacances se sont résumées à dormir, écouter le bruit des vagues, boire des jus detox, bouffer des compléments alimentaires (j’étais en carence de tout !), faire du yoga, des balades, nager et lire. Heureusement que je pouvais lire ! Je ne supportais plus rien ni personne, ni le bruit ni les interactions sociales. Moi qui étais si sociable d’habitude, je ne devais penser qu’à moi. Tout ce qui venait de l’extérieur, c’était trop. Le simple contact du regard avec les autres m’envahissait.
Le cerveau est quand même bien fait : quand le disque dur est plein, il s’arrête. Naturellement, le corps se protège. Quelle magnifique machine !
Je me suis arrêté 2 mois – 3 mois. Et avec le recul, je crois que j’ai mis une bonne année et demi pour m’en remettre, patiemment. J’ai fais le vide, je ne sortais plus, je me ressourçais le week end.
Ce formidable cadeau qui te met face à toi même.
Cette épreuve m’a beaucoup appris sur ma manière de m’organiser, et ça m’a permis de me remettre en question ! Le constat était plutôt simple : j’étais trop dure avec moi même, et je devais prendre des temps pour intégrer, je devais évacuer la pression. Ah, mais on me l’avait pourtant bien dit, de faire du sport ! Je n’avais pas écouté les précieux conseils qu’un.e entrepreneur m’avait donné : faire du sport ! Moi qui étais si sportive avant de travailler…
Doucement, je comprenais que la liberté que je voulais atteindre en faisant le choix d’être indépendante s’éloignait : j’étais devenue esclave de mon entreprise. J’ai compris que tout était lié : ma vie perso, ma vie pro. Mes peurs personnelles influençaient ma vie professionnelle : j’avais peur de ne pas avancer, je n’osais pas me faire aider, j’avais peur de lâcher prise, peur de dire non à un client, peur de louper un contrat, peur de ne pas y arriver, peur de m’arrêter… La peur, la peur, la peur ! Elle était passée où la passion, dans tout ça ?
Pour me rassurer je courais après la réussite, je m’épuisais pour qu’on me reconnaisse capable. J’ai compris que je m’étais réfugiée dans le travail pour me protéger : en mettant tout à distance, en avançant plus vite, rien ne m’atteindrait.
J’ai aussi compris que j’étais responsable de ma situation, et que je devais changer pour guérir. Puisque j’avais la capacité de me détruire, je pouvais aussi choisir de m’aider ! J’ai cherché de l’inspiration dans des livres, mais aussi dans les conférences TedX et d’autres blogs d’entrepreneurs, qui m’ont donné des idées et des outils pour m’aider dans ce cap. A mon retour de voyage, j’ai pris des décisions importantes.
Prendre la décision d’évoluer.
J’ai commencé à changer mes habitudes : ralentir dans le travail, prendre soin de moi, m’octroyer du temps sans travail, apprendre à vider mon esprit… Ensuite, j’ai commencé la méditation, le yoga, repris le sport. J’ai pris un bureau pour séparer ma vie perso de ma vie pro, j’ai commencé à me faire coacher par une professionnelle (bientôt un article sur le sujet !), et je me suis imposé des routines et un rythme de sommeil drastique pendant 6 mois : dormir à 22h et faire du sport au réveil.
Aujourd’hui, avec le recul, je me rends compte que j’étais en burn out régulièrement. J’avais l’habitude de ne pas m’écouter et je ne voyais pas que je dégringolais. J’ai mis du temps à réagir et le burn out m’a permis de me réveiller, de tout repenser, de redistribuer les cartes ! Aussi, grâce à cette expérience, j’ai fait un stage de méditation qui a profondément changé ma vie, je t’en parle dans un prochain article (oui oui, ça a un lien avec le travail !).
Alors si vous travaillez beaucoup, faites attention à vous ! N’oubliez pas de prendre du recul régulièrement pour décompresser 😉
Pour approfondir le sujet :
Comment le stress affecte votre cerveau ? https://business-digest.eu/fr/2016/06/14/comment-le-stress-affecte-votre-cerveau/
Les étapes du burn out :
https://www.coachingways.fr/coaching-comment-anticiper-lepuisement-professionnel/
Les 5 signes qui doivent vous alerter !
https://www.youtube.com/watch?v=gJwvaCBrpFc
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