Voilà un sujet qui me tient particulièrement à cœur et dont on parle de plus en plus. Ces dernières années, j’ai remarqué que ma sensibilité exacerbée influençait toutes mes relations interpersonnelles, et mon organisation de travail. Il s’agit d’un sujet central dans ma vie, que j’assume et revendique : mon hypersensibilité, c’est devenu un atout professionnel !
Cet article est très personnel, toutes les personnes hypersensibles ne sont pas identiques. Ce n’est donc que mon expérience et tout ce que je dis n’engage que moi.
Qu’est-ce que l’hypersensibilité ?
L’hypersensibilité est une personne qui a une extrême sensibilité au monde qui l’entoure. Les hypersensibles sont environ 10 à 35% parmi nous selon certaines études. On aura tendance à vivre les choses beaucoup plus fort que la plupart des gens, ressentir une grande empathie vis-à-vis des autres et de l’environnement. Les personnes hypersensibles ont tendance à être plus anxieuses ou déprimées, à ressentir des émotions plus intensément et à avoir une plus grande sensibilité face à la critique.
Si vous souhaitez une définition ou une explication plus poussée voici un article intéressant –> Learning Brain – L’hypersensibilité, c’est quoi ?
J’étais une hypersensible qui s’ignorait…
Pendant, longtemps, j’ai lutté contre le sentiment d’être différente et inadaptée. J’ai toujours cru que j’avais un problème, que je n’étais pas comme les autres et que j’étais “ montée à l’envers” ou “ décalée”. Puisque je réagis assez fortement émotionnellement à certains événements, et j’avais besoin de l’exprimer quelque part.
De plus, mon hypersensibilité est une hypersensibilité sensorielle car elle touche aussi mes cinq sens ! Je suis très sensible de la peau, des oreilles, des yeux. Mais aussi à ce que je mange et au manque de sommeil. J’absorbe toutes les émotions et stimuli de ce qui m’entoure et longtemps, c’était un enfer à vivre ! J’ai souvent dû m’isoler des autres voire de m’enfermer pour prendre le temps de digérer mes émotions. J’essayais d’évacuer les émotions des autres. Tout était souvent « trop ».
Ma relation avec les autres a pu être parfois très compliquée ! Il faut dire que je ne me suis jamais adapté aux conventions sociales. J’ai dû apprendre un tas de trucs et faire un long chemin de thérapie avant de pouvoir commencer à me sentir bien dans ma peau. Professionnellement parlant, c’était compliqué. Je prenais toutes les émotions des gens autour de moi, et je me sentais vidée de mon énergie après un shooting ou un rendez-vous.
En effet, je prenais tout très à cœur et j’étais vite mal à l’aise si les choses n’étaient pas harmonieuses, s’il y avait des non-dits, si la lumière était trop forte et ainsi de suite… Être une éponge, c’est très difficile à gérer ! j’ai dû me faire suivre et m’outiller pour arriver à bien vivre mon hypersensibilité au quotidien.
Eurêka, je ne suis pas folle mais hypersensible !
En écrivant cet article, je me suis rendu compte que j’avais beaucoup souffert de cette inconscience. Après une longue errance médicale, des conflits avec mon entourage pour me sentir accepté et des gros questionnements, j’ai arrêté d’en parler. C’était difficile pour mon entourage de me comprendre, et je culpabilisais beaucoup d’être comme ça. Donc je me suis tue, et isolée. Je pensais que j’avais un problème, et j’ai longtemps vu mon caractère comme quelque chose de mauvais que je devais contrôler.
Or, c’est une amie qui m’a dit un jour “ mais c’est évident Margot, tu es hypersensible. Bienvenue au club ! » Merci d’ailleurs à cet amie, car depuis ce jour-là, tout à pris un sens, je n’étais pas folle et c’était le début de l’acceptation.
J’ai compris que je ne fonctionnais pas comme les autres, c’était un énorme poids en moins sur les épaules ! Je pouvais désormais comprendre mon fonctionnement et ainsi adapté ma vie professionnelle à mon hypersensibilité. Une étape importante.
Comprendre que je suis hypersensible : le premier pas pour bien le vivre !
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde »
Albert Camus
J’ai compris que ma manière de fonctionner m’appartenait. Que personne n’était comme moi et du coup, je n’étais pas obligée de l’imposer aux autres, et encore moins de m’adapter aux fonctionnements des autres. Petit à petit, j’ai commencé à assumer ma manière de faire, à m’affirmer, et aujourd’hui j’ai fait de grand pas.
J’ai d’abord compris que cette hypersensibilité participe à façonner mon regard sur le monde. Je vois tout à travers les émotions, et la photographie me permet d’exprimer cette manière de ressentir les choses. C’est à la fois devenu mon médium parce qu’elle me protégeait de mes émotions face aux autres (c’était plus simple de me cacher, voyez-vous.). Mais aussi un outil pour les appréhender (apprendre à respirer était mon premier gros apprentissage pour faire de bonnes photos.). Tout est émotion pour moi, et c’est à travers ce prisme que je regarde le monde.
De ce fait, j’ai dû m’armer de certains outils pour réguler mes émotions : l’hypnose, le yoga et la méditation. J’essaye de me façonner un rythme et condition de travail sur mesure. Je fais en fonction de mes besoins : une souplesse dans les horaires et mes lieux de travail. Je suis devenue la reine de l’organisation !
M’entourer de gens qui me comprennent ma sensibilité, et passer mon chemin sur les autres.
L’hypersensible me force à mieux communiquer avec les autres, et créer et poser mes conditions idéales. Maintenant, que j’ai compris ça, j’affirme mon besoin de m’exprimer, d’avoir des connexions authentiques et profondes avec les personnes qui m’entourent, et j’ai adapté mon organisation et affirmé mes valeurs dans le travail. Ce qui simplifie énormément les rapports. C’est assez récent et je commence à me sentir entourée de personnes qui me comprennent, me respectent et me choisisse pour ce que je suis. La relation est plus fluide et je me sens plus alignée.
Avoir un entourage qui me correspond participe énormément à mon bien-être au travail ! Et c’est super chouette de pouvoir être en lien avec mes client.e.s dans ce rapport de confiance mutuelle.
Mais alors, c’est quoi les atouts dans le travail quand on est hypersensible ?
Vous capter en 1/2 seconde… à travers mes sensations :
Ma sensibilité permet de comprendre mes clients rapidement, de savoir m’adapter à tous les milieux, de capter les signaux faibles. Je perçois facilement les micros mouvements et interactions subtiles. Je pressens et ressens les énergies des autres très facilement et sait m’adapter pour apaiser, rassurer, et mettre à l’aise. A travers mes sensations, je capte celles des autres ! Dans la relation c’est un super atout : saisir des subtilités, comprendre les autres, comprendre les demi-mots.
M’organiser pour me réguler :
Mais à force d’être connectée à tous, on sature ! Alors j’ai appris à m’octroyer beaucoup de temps pour moi pour choisir les moments de liens avec les autres. Avec de l’entraînement, j’ai appris à faire abstraction du monde extérieur et à créer ma bulle. Je me concentre facilement.
J’ai aussi appris à protéger mes besoins physiques (un peu à mes dépens, j’avoue) et je suis très à l’écoute de mon instinct, ce qui m’évite souvent de faire les mauvais choix. J’ai pris conscience que mon corps sait, et m’envoie des signaux donc je l’écoute. Quand j’ai des douleurs qui émergent je sais que je dois faire une pause, prendre du recul, reporter cette tâche à plus tard etc. Mes sensations m’aiguillent au quotidien.
Une petite conclusion ?
Depuis que je me fais confiance là-dessus, je me prends moins la tête ! Je me sens moins submergée, j’arrive à me contenir et à rediriger les moments de ‘trop plein’ ailleurs. Par le sport, la méditation, la création, la musique, ou juste aller prendre l’air une minute. Plus légère et plus forte grâce à ma sensibilité, je la vis comme un atout, et plus du tout un frein.
Aujourd’hui, j’arrive à communiquer ce que je vis pour que les autres comprennent, à poser des conditions pour que je sois bien dans mon travail. J’organise des journées qui soient idéales pour moi. Juste poser et oser affirmer mes besoins, ça change la vie ! Oui j’ai besoin de calme pour bosser, et alors ? Je vais dans des endroits calmes. Oui, j’ai régulièrement besoin de partir et de bouger pour écrire les articles, et alors ? Je le fais ! Oui, je bosse mieux avec des boules quiès et j’ai besoin de sas de décompression après chaque prestation. Je pose ces temps-là dans mon agenda.
Fini la culpabilité de fonctionner comme ça ! Je ne me cache plus et je m’adapte à ça pour être performante dans des conditions qui sont les miennes.
J’essaye de me faire une vie sur mesure, avec ma sensibilité comme boussole 😉
Et vous, comment vous vivez vos émotions et/ou votre hypersensibilité au travail ? Un frein, un atout ?
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, quelques liens qui me paraissent pertinents :
David Laroche – Être vulnérable est une force !
L’hypersensibilité, c’est quoi? – Psykonnaissance
Les 7 lois des relations heureuses (quand on est hypersensible)
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