Sur un shooting, diriger des modèles c’est relativement compliqué ! Avec toutes les dérives qui existent, il est impératif d’être attentif à la notion de consentement dans cet espace.
Quand on travaille seul comme photographe, on se retrouve à devoir faire milles choses à la fois ! Installer son matériel, faire les réglages, faire des tests, déplacer un flash, parler au modèle et tenir une conversation en même temps. Parfois on est tellement pris dans notre technique qu’on en oublie d’être attentif à la personne à côté. Après tout, c’est elle qu’on va photographier !
J’ai donc décidé de m’arrêter sur le sujet, qui est très important pour moi : vous mettre à l’aise ! Mais je vais aussi vous parler de ma manière de procéder pour diriger les modèles, et tout ce que cela implique. Le respect, le consentement, l’écoute de l’autre et un peu de respiration !
Un shooting à l’écoute du modèle, pas du photographe ! Le consentement.
Il peut se passer beaucoup de choses différentes pendant une séance photo, et qu’on le veuille ou non. D’abord, ça peut être difficile à vivre pour la personne qui vient se faire photographier. Déjà parce que se faire photographier n’est pas simple, d’autant plus qu’on débarque dans un lieu que l’on connaît pas. Pour toutes ces raisons, je mets un poins d’or à être attentive à ce que l’autre ressent, et m’adapte au plus possible à son rythme.
Dabord, rappelons que ce n’est pas le photographe qui est vulnérable mais bien le modèle. C’est lui qui donne de sa personne, qui engage son corps, et le photographe qui prend son image ! Du coup, un rapport de pouvoir peut s’immiscer dans la relation. Certains photographes peuvent en profiter, voire carburer à cette sensation de pouvoir. Et oui, être photographe c’est voir les autres, leur dire quoi faire, les diriger, leur dire « lève le menton » , « fais-ci », « fais-ça » … évidemment que cela peut être mal reçu ! Trop autoritaire, peu patient, pas à l’écoute de l’autre… chez les photographes, il y aussi de tout ! Après, ajoutez à ça un peu de malveillance… et on peu faire de vrais dégâts chez les gens.
J’avais un prof à l’école qui avait l’habitude de nous dire : ce n’est jamais la faute du modèle, mais toujours du photographe. Cette phrase m’a permise de me sentir responsable et garante du cadre, et du bon déroulement du shooting.
Le respect et le consentement : la base d’une relation équilibrée lors d’un shooting photo.
En séance, le respect de l’autre est primordiale. Pas uniquement lorsque l’on fait des séances de nu, mais tous le temps. Habillé, en entreprise, avec des jeunes ou des moins jeunes. Un geste peut être anodin pour l’un, mal vécu par l’autre. La manière dont on vit nos sensations est subjective, donc soyons attentif et mettons de la conscience dans nos gestes !
J’essaye, du mieux que je peux, de demander le consentement de la personne avant de lui toucher la tête pour la redresser, l’épaule, lui remettre une mèche ou le col de sa chemise. D’avoir un contact visuel direct pour sentir si elle n’oserait pas poser ses limites explicitement. Parce que j’ai déjà été modèle pour des photographes qui n’étaient pas (du tout) à l’écoute de ce que je disais, voire qui ne me parlais pas. J’ai trouvé ça très violent d’être ignorée quand on essaye de dire ses limites ! Je n’avais pas osé arrêté la séance, et mes collègues ne l’ont pas senti ou ignoré ce que je disais. Du coup, je me suis retrouvé un peu dénudée, sans l’avoir voulu. C’est comme ça que je n’ai pas respecté mes limites. Le cadre n’était pas clair, et je ne me sentais pas en confiance.
Engager le corps en conscience.
Dans un shooting où il y a une notion du corps. C’est engageant, les modèles sont vulnérables face au photographe (et chacun peut se sentir vulnérable à tout moment). Je crois qu’il faut faire attention à ce qu’on fait, et surtout à la manière dont on le fait.
Encore une fois, je pense aux jeunes femmes qui posent pour des hommes, aux projets de collaboration maquillage – photo qui ne sont pas forcément cadrés par un contrat, un client, un projet définit. Aux séances avec nudité que l’on peut mal vivre. Mais aussi en entreprise quand je viens faire des photos, et que je croise toute sorte de gens !
Délimiter les possibles et ses limites : poser un cadre clair avant le shooting.
Par ailleurs, poser un cadre clair à chaque début de séance est primordiale ! A chaque fois, je prends le temps de discuter 5 à 15 minutes. Cela me permet de sentir dans quel état émotionnel vous arrivez et comment vous vous sentez. On parle de la séance et on voit si tout ce qu’on prévoit de faire est bien OK pour vous. Ce temps est compris dans le temps de séance. Il est important de vous permettre de prendre le temps d’arriver tranquillement avant de vous mettre sous les projecteurs ! Prendre le temps d’échanger, de construire ensemble, et pas d’imposer mon rythme au vôtre.
Je précise aussi, avant de shooter, que toutes mes indications seront des invitations, qu’il y a jamais rien d’obligatoire. Si cela vous met mal à l’aise, vous pouvez faire une pause, me demander d’arrêter. Ou proposer, à chaque moment, tout ce qui vous voulez. C’est pour ça que l’on prendre le temps de mettre des mots clair sur le cadre avant le shooting, grâce à ça vous vous sentirez autorisés à m’arrêter, même dans le feu de l’action. Vous serez attentif à tout, autant que moi, pour respecter votre rythme et faire des choses qui soient justes pour vous.
C’est à votre rythme que je vais, pas au mien ! Par ailleurs, poser un cadre clair nous responsabilise tous les deux.
Shooting et direction de modèle : comment ne jamais dire « détendez-vous ! »
Pour vous photographier au plus juste de ce que vous êtes, ne vous brimez pas ! En effet, faites exactement tout ce qui vous vient ! Bougez, baillez, grattez vous si ça vous gratte, levez-vous si vous avez besoin de vous lever… D’ailleurs, tout l’importance de poser un cadre claire entre nous au départ, c’est aussi de se sentir à l’aise de faire tout ce qu’on veut faire ensuite. Tous est autorisé, tous les mouvements qui vous viennent sont de la matière utile pour moi. Plus je vous vois bouger, plus je peux saisir votre personnalité. Au fur et à mesure, je vous dirige dans l’espace en fonction de votre posture, de vos habitudes, de vos tics et de vos mimiques.
Ah, si, vous en avez ! Et tous le monde en a !
Si vous êtes tendu, ce qui arrive aussi souvent, vous demander de vous détendre ne vous aidera probablement pas. Sérieusement, qui s’est déjà détendu avec cette phrase ? Rien que le fait de le dire, ça crispe tout le monde !
Plus vous êtes en confiance avec votre photographe, plus vous rayonnerez, naturellement ! En réalité, c’est la recherche de cette simplicité qui se joue en shooting, et qui fait 90% d’un shooting réussi : vous mettre à l’aise.
La clé de la détente en shoot : la confiance et la respiration !
Même si tout le monde n’a pas les mêmes besoins pour se sentir à l’aise, on a quand même tous une chose en commun : quand on respire, on se détend ! C’est physiologique. C’est pour cela qu’il n’y a rien de pire que de bloquer sa respiration pour paraître crispé, tendu, pas du tout à l’aise… Respirez, ça va vous détendre !
Vous sentez comme votre respiration se bloque à la seconde où je pointe l’objectif vers vous ? C’est normal, vous vous sentez observé ! Ce qui est le cas ! Pour certains ce n’est vraiment pas facile à vivre, voire une vraie source d’angoisse !
Si l’exercice est compliqué pour vous, pas de panique, j’ai l’habitude de travailler avec des personnes très variées, et j’ai quelques exercices simples pour vous aider à vous détendre. C’est grâce à des exercices de respiration, de visualisation… La photographie, c’est parfois un peu un mélange de yoga et de méditation !
Petit à petit, vous oublierez ce qu’on fait, vous lâchez prise sur le résultat et vous vous détendez. Naturellement, vous osez me sourire franchement, éclater de rire, et bouger librement. Et y’a rien de mieux qu’une personne décontractée pour faire un beau portrait, et donner envie !