Prix photographe : ce qu’il faut savoir
D’abord, il est compliqué d’établir un prix photographe fixe pour tous les photographes, puisque le prix de la prestation dépend des compétences du professionnel, de sa notoriété, mais aussi du matériel utilisé et des charges de la prestation concernée. Forcément, les prix varient du simple au triple, allant parfois jusqu’à l’indécence pour des prestations pas spécialement plus qualitatives. Dans ce contexte, il est normal que le client soit perdu ! Et quand on vient du monde salarié, on n’a pas toutes les clés pour comprendre les prix des prestataires et des indépendants, photographes ou non. Parce que oui, les réalités du métier de photographe entreprise s’appliquent à plein d’autres métiers de prestations de services – garagiste, DJ, ou vidéaste – et on n’a pas tous les outils pour comprendre les prix de son garagiste ! Et souvent, on ne lui demande pas pourquoi ses honoraires sont si chers.
Je comprends que trouver son photographe est un véritable casse-tête quand on n’a aucune notion des métiers de l’image et de ce qu’ils impliquent, et qu’il est très tentant de s’adresser à un amateur, ou à la cousine du collègue qui a un bon appareil. Mais ce sont souvent des clients déçus, qui ont passé beaucoup trop de temps à échanger avec un prestataire ni formé ni compétent, et se retrouvent avec des images vraiment bof, mal cadrées, mal traitées, peu exploitables. Quelle perte de temps en allers-retours, d’argent et d’énergie !
Premier point : dans ton prix photographe, des charges cachées tu devras assumer.
En dehors des frais ponctuels liés à la prestation et des compétences du photographe entreprise, il faudra aussi anticiper le temps de post-production (environ 1,5 fois le temps de prise de vue), le paiement de l’assurance matériel ( … / an), les cotisations sociales (de 10 à 35% en fonction des statuts juridiques pratiqués), le loyer du studio et/ou du bureau, la comptabilité, les entretiens matériels, les impôts… et payer les professionnels qui travaillent pour moi (assistant, stagiaire, maquilleur). Si on prend en compte tous les aspects, la somme facturée fond très vite. Mais avec tous ces éléments, il est possible de définir un tarif minimum à ne pas dépasser pour rentrer dans ses frais.
Ce serait si beau si notre métier n’obligeait à faire aucune concession, mais la réalité existe, et la vie de photographe ne se résume absolument pas à faire que des photos.
Se former, entretenir et acheter du matériel, répondre aux messages et recevoir les clients, réseauter et mettre à jour son site web, travailler sa communication et sa partie marketing, faire les retouches, ou démarcher, le photographe a toutes les casquettes. On gère toutes les facettes de notre activité, souvent seul(e), trop souvent mal formés par nos -si- chères écoles, qui ne nous ont ni appris à nous vendre ni à faire de site web, de portfolio, négocier avec les entreprises ou même rédiger de facture. (Pour la petite histoire, je n’ai JAMAIS – Oh grand jamais ! – eu de cours de portrait dans mon école, ni de direction de modèle.)
Quand bien même nous savons faire des photos, nous devons apprendre sur le terrain à gérer une entreprise, développer son réseau, son administratif et tout le reste.
Deuxième point : photographe tu veux être, tôt tu te lèveras !
En dehors du temps de prise de vue, la vie de photographe est donc bien chargée, on se lève chaque jours tôt, comme tout le monde, pour faire notre boulot, et notre temps de prise de vue se situe plus autour du 10% de notre temps de travail.
« Le bénéfice moyen représente moins de 30% de notre Chiffre d’Affaire. C’est à dire que pour une recette de 1000 €, il reste au photographe entreprise un bénéfice de 300 €, une fois déduits les charges professionnelles et cotisations sociales. Il faut savoir également que pour une journée de prises de vues, il y a au minimum une journée de post production (tirer, traiter et retoucher les images) ce qui, pour une journée facturée 1.000 €, ramène le bénéfice à 150 € de la journée, et un revenu horaire relativement modeste. Une fourchette entre 700 et 1200 € est le minimum pour une journée de prises de vues (avec cession de droits limités et définis), prix photographe auquel s’ajoutent des frais de déplacement et d’assistanat. » (source : Henri COMTE pour l’Union des Photographes Professionnels et Auteurs, le 05/08/2011).
Troisième point : contre les propositions de prix photographe indécents tu te battras.
La photographie est un des rares métiers où les tarifs n’ont pas augmenté depuis des années, et où les propositions de budget sont souvent ridicules. Après 4 années d’entreprise, je ne compte plus le nombre de fois où on me propose de « mettre mon nom sur les images » pour me faire connaître et où certains clients préfèrent un photographe amateur pour 200€ la journée. Récemment, on me demandait de travailler 15h gratuitement, en échange de notoriété virtuelle – et fictive. Avec ça, je n’avais même pas quelques boissons durant l’évènement, et je ne sais pas dans quel métier les professionnels sont prêts à faire ça.
Je ne veux jeter la pierre à personne, alors je ne dirai pas qu’on est exploité, puisque c’est d’abord à nous de définir nos conditions, nos limites, de faire respecter nos prix photographe et de refuser les propositions malhonnêtes. Nous n’inventons rien, de nombreuses associations agrées l’attestent – comme l’UPP, la Saif ou la SCAM – et de nombreuses études montrent aussi que les photographes sont très très loin de s’en mettre plein les poches. On est plutôt sur un métier précaire, complexe et en perpétuel mouvement. Ce n’est pas pour rien que les bancs des écoles de photo sont remplis, mais qu’on est très peu à se lancer à plein temps à la sortie. Mais ceux qui le font aiment profondément leur métier.
Quelques chiffres pour vous faire peur :
– Il y a de plus en plus de photographes aujourd’hui, 37% de plus qu’il y a quinze ans. (source Libé)
– Le nombre de reporters photographes semble fondre au fil des années : de 1 458 en 2000, ils étaient 816 en 2014, soit 44% de moins (source : libération )
– 90% des photojournalistes se sentent vulnérables et estiment pratiquer un métier à risque.
(Source : The State Of News Photography de Adrian Hadland, David Campbell et Paul Lambert, )
Je ne peux pas jeter la pierres non plus aux photographes qui font le choix de travailler pour être connus, à 200€ la journée au black, ou ceux qui ont besoin de se constituer un portfolio – je suis passé par là et je continue de proposer des prestations peu chères pour les projets qui me tiennent à coeur. On ne travaille pas tous pour vivre, mais n’oubliez pas qu’un photographe professionnel a une expertise et une expérience client qui justifie un prix photographe élevé.
Si tout le monde peut cuisiner et que certains cuisinent vraiment très bien, on continue pourtant d’aller au restaurant. Pour un besoin, un talent, une originalité, une qualité ou tout simplement un service rendu. Je crois que pour le photographe d’entreprise, c’est la même chose, et je trouve que ce parallèle est une belle conclusion, parce que nos métiers sont des métiers de passions, et que non, on ne lâchera rien !
Alors bon appétit !
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